Les hommes-machines contre Gandahar by Andrevon Jean-Pierre

Auteur:Andrevon, Jean-Pierre [Andrevon, Jean-Pierre]
La langue: fra
Format: epub
Tags: sf
Éditeur: French ebooks
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

Les deux longues ailes triangulaires de « l'extension volante » du Métamorphe brassaient l'air avec souplesse et majesté. Sur la nervure plate se terminant par trois ailerons de dérive qui formait le dos de la créature, un auvent incurvé avait poussé, protégeant Sylvin et Airelle de la violence du vent. Sous eux, très bas, à trois mille, peut-être quatre mille mètres, l'océan étalait sa palette étonnamment variée. Les différences de fonds et les courants divergents qui donnaient son nom à l'océan Excentrique lui restituaient d'ici l'apparence d'une toile abstraite aux méandres infiniment variés, dont les couleurs passaient du bleu tendre au brun minéral.

Mais Sylvin et Airelle s'étaient rapidement lassés d'une contemplation qui n'avait pas le mérite de la nouveauté pour le chevalier et qui parut vite à la jeune fille d'une désespérante monotonie. Pourtant la voile vivante qui les portait allait vite, plus vite qu'aucun des insectes que Sylvin avait eu l'occasion de monter. Quand le chevalier et sa compagne avaient débouché au sommet du Métamorphe, se retrouvant comme au sommet d'un phare gigantesque plafonnant à plus de mille mètres d'altitude, la vision du planeur vivant ne les avait pas convaincus outre mesure : à Gandahar, on faisait des avions en papier qui lui ressemblaient… Mais ils avaient tout de même grimpé sur le « dos » de la chose, qui s'était mise à battre doucement de ses ailes translucides et minces comme des voiles, pour s'envoler finalement avec la légèreté d'un papillon – géant ou non. La couronne dentelée de tentacules du Métamorphe s'était amenuisée vers l'arrière et vers le bas avec une surprenante rapidité. Sylvin s'était surpris à agiter le bras ; confus, il avait reporté son attention sur l'extension volante, et n'avait pas tardé à comprendre que celle-ci se servait avec beaucoup d'intuition des vents capricieux, tantôt se laissant porter par un courant ascendant, tantôt louvoyant, tantôt naviguant vent debout. Sylvin ne comprenait pas comment cette créature apparemment dépourvue d'yeux et de tout autre organe pouvait se diriger avec une telle assurance, de même qu'il semblait surprenant qu'une échine si étroite pût cacher des muscles dorsaux assez puissants pour faire mouvoir d'aussi vastes ailes… Mais il s'agissait là de questions se rapportant au Métamorphe tout entier, et l'important ne résidait pas dans la réflexion, mais dans l'action : ils étaient emportés vers Gandahar, à moitié rassurés quant à leur chance dans le combat qui s'annonçait, et tout l'esprit de Sylvin se concentra en un mince faisceau de pensées explorant ce proche futur.

Cependant, ses extrapolations ne reposaient que sur des données qu'il ignorait : quel était le degré de préparation des guerriers de Jasper ? Combien d'unités combattantes les hommes-machines étaient-ils capables d'aligner ? Les laboratoires de Jasper pouvaient-ils reconstituer le rayon mortel ? Mais, quoi qu'il en fût, la vraie réponse ne se trouverait pas sur le champ de bataille ; elle se trouvait dans un futur mystérieux, elle se trouvait dans l'existence du Métamorphe – deux éléments indissolublement liés. Et alors même qu'il volait vers Gandahar, Sylvin ressentait le besoin impérieux de retourner auprès du Métamorphe.

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